OSENon

La Maison à Energie Minimum

3-Le Chauffe-Eau Haut Rendement

        1.             INTRODUCTION

Ce document décrit  une installation d’eau chaude sanitaire domestique performante  par chauffe-eau électrique à accumulation tout à fait standard ;  tous ceux qui veulent améliorer leur confort et réduire leurs consommations et dépenses d’énergie, peuvent s’en inspirer.

La production d’eau chaude étant utilisée presque  365 jours / an – contre environ  221 jours par an pour le chauffage – il y a donc lieu de ne pas en  négliger  l’impact sur votre facture car  le coût  est  du même ordre que le coût du chauffage dans une maison bien isolée. En effet, avec les progrès de l’isolation thermique -mais surtout de la  règlementation - le budget chauffage diminue dans le temps, alors que le budget eau chaude aurait tendance, lui, à augmenter avec les progrès de l’hygiène.

Le chauffe-eau électrique à accumulation étant un équipement très courant, le coût d’acquisition est  faible - environ un  Euro TTC  / litre  - par contre le coût d’utilisation annuelle sera bien  supérieur à celui-ci ; pour une   durée de vie de 20 années, les coûts de l’énergie seront de l’ordre de 30 à 50 fois le prix d’acquisition, donc c’est le coût d’utilisation qui doit faire l’objet de toute votre attention.

        2.             DEFINITIONS

Rendement : on le définira comme le ratio entre l’énergie  Utile, pour produire l’eau chaude, et l’énergie Totale  Consommée, donc payée   (la différence étant les pertes) ; on recherchera le rendement maximum pour dépenser le minimum. Par contre les pertes récupérées pour le chauffage quand il y a lieu ne seront pas considérées comme pertes.

kWh : unité énergie correspondant à la consommation d’un appareil électrique de puissance un  kW durant une heure ; pour les calculs économiques nous considèrerons un coût de 15 centimes / kWh (soit environ le tarif régulé domestique de base  hors abonnement).

Volume chauffé  / non chauffé : le volume chauffé est le volume  avec un dispositif de chauffage fonctionnant en permanence en période hivernale; à contrario les annexes comme un garage sont dans le volume non chauffé  (ou la température est donc plus basse).Toute dissipation d’énergie dans le volume chauffé participe au chauffage de celui-ci et, est donc utile.

        3.             LE RENDEMENT DU CHAUFFE-EAU

Un chauffe-eau électrique, même bien isolé, pourra avoir  un rendement  faible, voire très faible (moins de 50 %),  si son installation  n’a pas été bien pensée ; en effet les pertes énergétiques sont de deux types :

·                         Pertes de chaleur des parois du réservoir.

·                         Pertes de chaleur du contenu des tuyauteries qui doivent être vidées avant l’arrivée de l’eau chaude au point de puisage.

Note : ces pertes sont considérées comme nulles durant  la période de chauffe quand le chauffe-eau est installé dans une pièce chauffée (car utilisées pour le chauffage de la pièce) ; par contre  elles  seront prises en compte dans le cas du chauffe-eau hors volume chauffé.

Les calculs seront menés pour une production journalière (moyenne annuelle pour 2 personnes) de 80 L d’eau à 45°C à partir d’eau à 10°C sur 335 jours  (30 jours de vacances) ; mais  le chauffe-eau reste en marche -sous tension- durant   365 jours ; le thermostat du chauffe-eau est réglé à 60°C.

Le coût unitaire du kWh sera considéré à 0.15 € (tarif de base)  et pour le m3 d’eau froide 4  €.

3.1         Cas d’un chauffe-eau dans le Volume chauffé

Le chauffe-eau est installé dans  le volume chauffé, et ceci va permettre de considérer que les pertes par les parois et les pertes par les tuyaux ne sont pas perdues mais utilisées pour le chauffage de la pièce en période de chauffe soit 60% du temps (221 jours sur 365).

3.1.1   Les pertes par les parois 

Elles sont  données par les constructeurs- mais sont très voisines -  en fonction du volume et pour des températures  de référence  soit 20°C pour la pièce et 60°C pour l’eau : 1.51 kWh / 24 h pour un appareil à isolation standard de 200L  (=1.7x (60-20)/ (65-20), 1.7 étant la valeur constructeur donnée pour 65°C).

Les pertes annuelles  durant 365 jours  seront donc de  551 kWh  (1.51 x 365) mais récupérées durant 221 jours  soit 334 kWh (551 x 221/365).

3.1.2    Pertes par les tuyaux

Le chauffe-eau étant dans le volume chauffé nous considèrerons ces pertes comme nulles car tous les tuyaux sont dans le volume chauffé et donc les pertes sont utiles pour le chauffage de la pièce.

3.1.3   Pertes totales et consommation :

Le rendement si on considère que ce chauffe-eau fournit 80 Litres d’eau par jour (soit 26.8 m3 ou 26800 kg en 335 jours)

 

Pertes parois du chauffe-eau -récupération

kWh

551 - 334

(Récupéré  hiver)

Total pertes annuelles

kWh

217

Pertes parois  en été

Energie utile production  eau chaude

kWh

1090

26800 x 4.18/3600 x (45-10) (*)

Total Utile + pertes

kWh

1307

Energie payée

(*) : Basé sur la formule M.Cp.Dt (M masse en kg, Cp  chaleur spécifique eau = 4,18 /3600 kWh/kg/°C, Dt écart température °C)

3.1.4   Rendement :

 Energie utile /énergie totale payée :           1090/1307= 83.4%      ce qui  est un très bon rendement. Cela signifie que  « seulement » 16.6 % d’énergie est perdue, et ces pertes représentent 32 € par an (217 x 0.15). Ces pertes sont les seules pertes par les parois en été hors période de chauffage, encore qu’à part Juillet et Août, avoir un peu de chauffage dans la SdE c’est appréciable.

Le coût du m3 d’eau chaude est de  11.31 € /m3   ((1307 x.015 + 26.8 x4) / 26.8) ; le coût annuel est donc de 303 € (26.8 x 11.31)

3.2          Cas d’un chauffe-eau hors du Volume chauffé

Nous considérons  le même chauffe-eau mais installé hors du volume chauffé, et, ceci a un impact très important en termes de consommation et de coût comme on va le voir.

3.2.1   Les pertes par les parois 

Elles sont perdues en totalité  et de plus supérieures du fait de la différence de température supérieure entre l’eau dans chauffe-eau et l’ambiance ; si votre chauffe-eau  installé dans le sous-sol à une température moyenne  de 10°C  il y a lieu de recalculer les pertes comme suit :

1.70x (60-10)/ (65-20) = 1.9 kWh par 24h (correction des écarts de température)

Les pertes annuelles (365 jours)  seront de  693 kWh ; cela est bien sûr très important : 70% des besoins propres à l’eau utilisée (1090kWh)

3.2.2   Pertes par les tuyaux

Si la distance du  chauffe-eau  en sous-sol  aux points de puisage est  de  16  mètres   avec des tuyaux de 14 mm de diamètre intérieur, le contenu de ces tuyaux est donc de 16  m x 0.154  l/m   soit 2.5 litres ; on peut admettre que ce volume d’eau  chaude est perdu à chaque puisage durant 335 Jours /an soit :

Pour 2  utilisateurs, à 6  utilisations par jour chacun,  on va perdre  10  m3/ an (2.5 x 2 x 6 x 335)  ce qui est considérable ; en terme d’énergie, on arrive 580 kWh/ an (= 10000 x (60-10)*4.18/3600), ce qui représente  60% des besoins pour chauffer l’eau réellement utilisée.

3.2.3   Pertes totales et consommations:

Evaluons le rendement si on considère que ce chauffe-eau fournit 80 Litres d’eau par jour.

 

Pertes parois du chauffe-eau                       

kWh

693

Pertes dans local non chauffé

Pertes tuyaux  du réseau eau chaude           

kWh

580

Pertes dans local non chauffé

Total pertes annuelles                                 

kWh

1273

693 + 580

Energie utile (pour 26.8 m3/an)                   

kWh

1090

26800 x4.18/3600 x (45-10)

Total 

kWh

2363

1273+1090

3.2.4   Rendement :

 Energie utile /énergie totale payée :   1090/2363 = 46.1%     ce qui est bien faible,  environ la moitié du cas dans volume chauffé ! Cela signifie que près  de 53,9% d’énergie est perdue, et ces pertes représentent  191   pour l’énergie (1273 x 0.15) et 40€ pour l’eau (=10 x 4) soit un total de 231€ par an, ce qui est 7.2 fois plus que le cas dans volume chauffé.


Le coût du m3 d’eau chaude est de 18.72  € /m3 ((2363 x 0.15 +36.8 x 4) / 26.8) soit presque le double que dans le cas dans volume chauffé. Le coût annuel est donc de 502 € (26.8 x 18.72)

3.2.5   Comparaison dans et hors volume chauffé

Désignation

Dans Volume chauffé

Hors Volume chauffé

Observations

Consommation  électrique         kWh

1307

2363

+ 81 %

Rendement Chauffe-eau            %

83.4

46.1

- 45 %

Consommation  eau                   m3

26.8

36.8

+37% (10 m3 perdus)

Prix unitaire                             € /m3

11,31

18.72

+66% pour 26.8 m3 d’eau chaude produite par an

Facture annuelle  totale             

303

502

199 € par an  perdus


Sur une période de 30 ans la perte financière est donc de 5970 € (199 x30) soit une coquette petite somme. »

Ainsi la décision de l’emplacement de votre chauffe-eau - dans ou hors volume   chauffé -  a un impact considérable sur les consommations d’énergie et sur les coûts associés.

Voir aussi document Ademe (CETI lien n°3)  indiquant page3 : « en particulier, les performances d’un CETI dépendent en grande partie : de l’emplacement du ballon. Stocker l’eau chaude dans un ballon génère des pertes thermiques importantes (appelées « pertes statiques »)…..etc….»

3.2.6   Exercice pour comparaison avec un CETI (Chauffe-Eau Thermodynamique Individuel)

Quel doit être le COP (Coefficient de Performance) d’un CETI installé dans les conditions du 3.2 (hors volume chauffé)  pour atteindre les mêmes performances que celles du  cas du 3.1 (dans volume chauffé) ? Ceci, non compte tenu des surcouts d’entretien et d’investissement.

Réponse : le COP minimum doit être de 2,28 suivant détail ci-après, valeur qu’il sera difficile  d’atteindre  dans les conditions réelles (COP 1,5 indiqué par  l’Ademe ?) ; ainsi on peut en tirer la conclusion qu’un CETI ne pourra pas réduire la facture d’eau chaude pour de telles conditions et vous auriez donc investi une somme conséquente sans avoir de gain en retour. Par contre pour des productions d’eau chaude bien plus  importantes, le CETI devrait  devenir économiquement intéressant.

Détail du calcul :

La différence de coût à compenser par le CETI  est de : 199 € par an (= 502 - 303, qui sont les coûts eau + électricité suivant tableau récapitulatif du 3.25) ; donc cette différence se fait par le gain sur l’électricité qui est donc de 1327 kWh (= 199€ /0.15 €/ kWh), d’où une consommation électrique restante de 1036 kWh (=2363-1327) ; ceci correspond donc  à un COP de 2.28 (=2363/1036) pour autant que le compresseur assure seul le fonctionnement (résistance d’appoint jamais en fonctionnement ). En réalité ce calcul est tout à fait sous-estimé, car il n’est pas tenu compte des surcouts inévitables  d’investissement et d’entretien du CETI.

3.3         Conclusions, notes :

Les pertes par les parois étant proportionnelles au volume du chauffe-eau il y a lieu de ne pas installer un volume plus grand que nécessaire ; au bout de 20 ans, si le nombre d’utilisateurs a bien diminué, remplacez votre chauffe-eau usagé par une plus faible capacité.

 Bien entendu, les calculs avec une production d’eau supérieure à 80L /jour donneraient des rendements plus élevés mais les pertes du chauffe-eau et des tuyaux seraient les mêmes.

Les pertes thermiques augmentant avec la température de l’eau stockée, il est préférable de régler le thermostat du chauffe-eau  plutôt  vers  50/55 °C, si bien sûr la capacité est suffisante. (60°C étant maxi  pour éviter des risques de brûlures) ; de plus, l’entretien n’en sera que facilité  si l’eau est dure (entartrante) ; il faut  cependant  avoir une température suffisante pour éviter les légionelloses se formant en eau stagnante entre 23 et 43 °C.

 Concernant le prix de l’eau chaude il est à remarquer que le prix de l’eau froide est loin d’être négligeable : 4 € sur 11.31 € dans le cas « haut rendement » soit  36% du prix.

Le chauffe-eau comme tout  appareil électrique, doit être installé conformément aux règles de sécurités (électriques principalement), soit à distance règlementaires des appareils sanitaires (baignoire, douche…) s’il est installé dans une salle d’eau ; aussi pour des questions de bruit -contacts électriques et / ou  écoulement eau-  il est préférable d’éloigner le chauffe-eau électrique  des chambres à coucher. Pour un CETI par contre, compte tenu de la présence d’un compresseur et éventuellement de ventilateurs, il est impératif de vérifier les niveaux sonores en fonctionnement pour le choix de son installation.


        4.             LIENS COMPLEMENTAIRES (pour information)

1-Dureté eau : https://www.service-client.veoliaeau.fr/home/FAQ/eau-potable/eau-douce-dure.html

2-Protection légionellose :http://www.inrs.fr/publications/bdd/eficatt/fiche.html?refINRS=EFICATT_L%C3%A9gionellose

              3-Ceti-ademe: https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/14-chauffe-eau-thermodynamiques-individuels-ceti-les.html



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version : v23-01